Montréal, le 29 février 2024 – Avec le morcellement par activité des différentes demandes d’autorisation pour la réalisation du projet Northvolt et en l’absence d’une évaluation environnementale indépendante permettant d’avoir une vue d’ensemble sur ses impacts, la Société pour la nature et les parcs (SNAP Québec) et le Centre québécois du droit de l’environnement (CQDE) tirent aujourd’hui la sonnette d’alarme sur les risques potentiellement élevés que pose la future usine sur la survie et le rétablissement du chevalier cuivré.

Pollution thermique

L’entreprise Northvolt a déjà communiqué son intention de pomper l’eau de la rivière Richelieu pour refroidir ses installations et d’ensuite rejeter cette eau dans la rivière. Ce genre de pollution thermique peut modifier significativement les caractéristiques biophysiques de l’habitat d’une espèce et entraîner des changements de comportement ou physiologiques délétères, tels que provoquer des embolies gazeuses.

Il existe pourtant des alternatives crédibles à l’utilisation de l’eau de la rivière Richelieu et qui pourraient mettre en valeur la chaleur générée dans un modèle d’économie circulaire.

« C’est par souci de responsabilité sociale que nous intervenons à cette étape du processus d’autorisation, d’abord pour éviter qu’une autre menace ne vienne mettre davantage le chevalier cuivré dans l’eau chaude, mais également pour éviter que les promoteurs du projet Northvolt ne s’enlisent dans une coûteuse impasse », indique Alain Branchaud, biologiste et directeur général de la SNAP Québec. « C’est également notre rôle de rappeler aux gouvernements qu’ils ont le devoir d’appliquer rigoureusement les lois en vigueur pour assurer la protection de l’espèce ».

Loi sur les espèces en péril 

Si l’entreprise persiste à vouloir procéder par un système de refroidissement archaïque et dangereux pour la faune aquatique du Richelieu, elle devra obtenir un permis en vertu de la Loi sur les espèces en péril (LEP). Pour rappel, toute activité pouvant affecter le chevalier cuivré ou son habitat essentiel est interdite sans un tel permis. Les conditions pour obtenir un permis en vertu de la LEP sont difficiles à rencontrer. L’entreprise devra notamment démontrer qu’elle a examiné toutes les solutions de rechange pour son système de refroidissement et que la meilleure solution a été retenue. Le tronçon de la rivière Richelieu dans le secteur de McMasterville est en partie désigné habitat essentiel de l’espèce, notamment pour la croissance des jeunes et pour la migration des adultes (voir carte en annexe).

« Le découpage du projet en plusieurs phases a pour conséquence que certaines autorisations pourraient être délivrées sans considérer les impacts des phases subséquentes, et sans s’assurer que l’ensemble du projet respectera les lois environnementales », affirme Anne-Julie Asselin, vice-présidente du CQDE. « Lorsqu’il est question de protéger une espèce en péril, la mise en œuvre du principe de précaution revêt une importance accrue. Nous comptons sur tous les ordres de gouvernement pour appliquer ce principe et faire respecter leurs lois respectives en matière de conservation de la biodiversité  ».

Une nouvelle étude qui appelle au principe de précaution

Une nouvelle étude sur la viabilité de la population du chevalier cuivré, réalisée par l’Université de Sherbrooke en collaboration avec le gouvernement du Québec, conclut à une faible probabilité d’extinction de l’espèce, mais un risque élevé d’observer une population d’individus matures de petite taille pour les 100 prochaines années. Cette situation est très préoccupante, car elle pourrait entraîner un appauvrissement génétique et rendre la survie de l’espèce davantage vulnérable aux événements stochastiques et à toute autre nouvelle menace qui pourrait surgir dans son habitat. 

« Notre étude souligne l’avenir incertain du chevalier cuivré et nous convie à miser collectivement sur le principe de précaution pour assurer la survie et le rétablissement de cette espèce unique au Québec », termine Nicolas Bannester-Marchand, biologiste à la SNAP Québec et premier auteur de l’étude.

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