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Le toit vert, toit végétal ou toit végétalisé, est un toit qui est partiellement ou entièrement recouvert de végétation. Ce type de toit peut avoir plusieurs avantages environnementaux. Il peut même servir pour l’agriculture urbaine. Mais il faut respecter plusieurs conditions pour pouvoir les installer. Pour l’heure, l’encadrement législatif des toits verts au Québec est presque absent, alors qu’un cadre plus détaillé et clair pourrait encourager l’installation de toits verts, comme c’est le cas dans certaines villes d’Europe et d’Amérique du Nord.
Les toits verts, un plus pour l’environnement?
Les toits verts permettent d’atténuer certains effets environnementaux négatifs des constructions et bâtiments. Quels sont-ils ?
Imperméabilisation des sols
La construction de routes, l’asphaltage des entrées de cour ou encore la construction de bâtiments cause l’imperméabilisation des sols. En bref, en remplaçant une surface poreuse, comme la terre ou l’herbe, par une surface artificielle, on empêche ou diminue l’absorption de l’eau par le sol et les plantes. Les sols deviennent donc imperméables. Dans les villes et les villages, l’eau se retrouve par conséquent plus rapidement dans les égouts et en plus grande quantité.
En ruisselant, l’eau peut également accumuler des contaminants présents en surface (huiles et graisses, hydrocarbures, sels de déglaçage, etc.). C’est donc une eau de moindre qualité qui rejoint les égouts et, surtout, de façon plus subite, suivant des précipitations. Pourquoi l’imperméabilisation des sols est-elle un problème ? Notamment parce que ce phénomène crée une grande pression sur les systèmes d’égout et augmente les risques de refoulement et d’inondations.
C’est là le principal avantage des toits verts : le substrat de croissance (sol fertile) et surtout les plantes qu’il supporte peuvent absorber jusqu’à 80% des précipitations que reçoit le toit. Cette eau est alors assimilée au cycle de croissance des plantes et rejoint plus progressivement les égouts, permettant ainsi de tempérer l’impact de pluies abondantes.
Effet d’îlot de chaleur
Les îlots de chaleurs sont des zones où l’été, la température de l’air et du sol est de 5°C à 10°C de plus que dans des zones rurales comparables. La perte du couvert végétal est un facteur important expliquant cette hausse de température; tandis que les végétaux captent le soleil, les surfaces construites tendent à l’absorber sous forme d’énergie thermique. Les surfaces pâles réfléchissent une plus grande proportion de l’énergie solaire qu’elles reçoivent, tandis que les surfaces foncées tendent à absorber plus de chaleur. Cette capacité de réflection de l’énergie solaire s’appelle l’albédo. Les surfaces pâles ont un albédo plus élevé que les surfaces foncées et emmagasinent donc moins de chaleur. En moyenne, l’urbanisation réduit l’albédo d’une zone, parce que les espaces verts sont remplacés par des surfaces souvent plus foncées, qui reflètent moins l’énergie. Cet effet peut être contré en partie par les toits verts, mais aussi par les toits blancs.
Les toits blancs
Les toits blancs sont des revêtements pâles qui possèdent un albédo élevé et peuvent ainsi réduire le problème d’îlot de chaleur urbain. Sans aucune composante végétale, ils ne procurent aucun des autres bienfaits des toits verts, mais sont plus faciles et moins coûteux à installer. Par contre, une étude mesurant l’efficacité réflective des toits blancs a indiqué que celle-ci diminue rapidement quand des dépôts s’y accumulent.
Changements climatiques et toits verts
La concentration croissante de gaz à effet de serre dans l’atmosphère mène à l’augmentation de la température moyenne de la planète. Cette énergie thermique additionnelle perturbe les systèmes de précipitation et de régulation de température – en bref, les changements climatiques exacerbent les problématiques décrites ci-dessus. En moyenne, les températures estivales continueront de croître, tout comme les précipitations abondantes entrecoupées de périodes sèches. Les municipalités auront à composer avec l’enjeu de santé publique que représentent des canicules plus fréquentes et dangereuses. Leurs infrastructures de gestion des eaux de ruissellement devront de plus être adaptées pour gérer d’importantes chutes d’eau sur de courtes périodes.
Les toits verts offrent des améliorations pour l’ensemble de ces problématiques: en plus de permettre l’infiltration et la filtration de l’eau supplémentaire, ils réduisent l’accumulation d’énergie thermique et représentent un puits de carbone. Ils pourraient être d’importants outils dans l’adaptation de nos municipalités, si celles-ci mettent en place les outils et les incitatifs nécessaires pour permettre leur aménagement.
Avantages directs pour l’utilisateur
En plus de tous ces avantages environnementaux, les toits verts présentent des avantages immédiats pour les personnes occupant l’immeuble où ils sont installés. Les toits verts sont une couche d’isolation supplémentaire très efficace, autant pour l’isolation sonore que thermique. Des recherches ont démontré qu’un substrat de 12 cm permettrait de réduire les bruits ambiants de 40 décibels.
Le Conseil national de recherche du Canada a estimé que l’aménagement d’un toit vert pouvait réduire la consommation énergétique pour la climatisation du bâtiment (et donc les coûts associés) de 75%. De plus, l’installation d’un toit vert permettrait de prolonger la durée de vie de la toiture, réduisant ainsi les coûts et l’empreinte environnementale dus aux remplacements plus fréquents d’une toiture. Ces avantages pécuniaires et non-pécuniaires permettent ainsi de justifier les coûts rattachés à l’installation de toits verts, qui seront abordés ci-dessous.
Pour plus de toits verts, le droit doit s’en mêler !
Malgré les avantages significatifs que présentent les toits végétalisés, ceux-ci sont sous-exploités au Québec. Écohabitation estime que nous accusons 10 ans de retard sur l’Europe sur le plan de l’aménagement de toits verts. À ce jour, la province ne compte aucune politique contraignante exigeant leur aménagement sur les nouvelles constructions, contrairement à certaines villes nord-américaines et européennes qui ont réussi à encourager leur installation avec de telles politiques stratégiques. Le Québec ne compte pas non plus de législation prévoyant clairement les normes d’installation d’un toit vert.
Bref, il n’est pas étonnant que nous accusions un retard en termes d’aménagement de toits verts: les mesures législatives et économiques n’ont pas été mises en place pour encourager cette transition.
Toits verts, qu’est-ce que dit la loi ?
Les lois provinciales
Au Québec, la loi ne prévoit pas d’exigences précises pour l’aménagement d’un toit vert. Ce sont les normes de construction générales qui doivent être respectées, en les adaptant à la réalité des toits verts. La Régie du bâtiment du Québec (RBQ) considère qu’un toit vert fait partie du bâtiment. La Loi sur le bâtiment prévoit qu’ un bâtiment assujetti doit être conçu et construit conformément aux exigences décrites au Code de construction du Québec.
L’article 127 de la Loi permet à la RBQ de prévoir des critères techniques pour qu’une méthode de construction non-prévue au Code soit acceptée, sans qu’une demande de mesure équivalente n’ait à être complétée. Ces critères ont été détaillés dans un guide préparé par la RBQ et intitulé «Critères techniques visant la construction de toits végétalisés» (le Guide RBQ).
Les critères sont divisés en huit sections visant toutes les constructions neuves et une neuvième, applicable seulement aux bâtiments existants. Les constructions de grande envergure (plus de 46 mètres de hauteur) doivent faire une demande d’équivalence indépendante. Le Guide RBQ ne s’applique pas à ces constructions.
Les critères portent surtout sur des considérations de sécurité: il s’agit de limiter les risques d’incendie, puisque la couverture végétale est une substance combustible, de s’assurer que le drainage se fasse bien et que le bâtiment puisse porter la charge additionnelle non-négligeable que représente le toit vert, plus particulièrement en raison du poids de l’eau qu’il peut retenir.
D’autres critères visent la survie et le succès des plantes, qui devront pouvoir couvrir 80% de la surface du toit. Cela inclut notamment un plan d’entretien, ainsi que l’infrastructure nécessaire pour le faire.
La réglementation municipale
En plus des critères provinciaux décrits ci-dessus, le propriétaire pourrait avoir à se conformer aux exigences de sa municipalité. La Loi sur l’aménagement et l’urbanisme prévoit que le conseil municipal d’une ville peut prévoir que la transformation d’un bâtiment (par exemple pour un toit vert) nécessite l’obtention d’un permis auprès de la ville. Aucune municipalité québécoise ne semble imposer l’obtention d’un permis spécifiquement pour l’aménagement d’un toit vert. Il faut plutôt interpréter les dispositions générales encadrant les permis nécessaires aux travaux de rénovation dans le cas d’un bâtiment existant), par exemple, en l’adaptant comme nécessaire à la réalité des toits verts.
Conclusion
Les toits verts peuvent jouer un rôle dans l’atténuation des changements climatiques, de la perte de la biodiversité et des îlots de chaleur. Pour encourager leur mise en place, le législateur québécois pourrait encadrer, voire inciter, l’aménagement des toits verts de façon plus précise que le fait le Guide RBQ. Les municipalités pourraient, elles aussi, en exiger l’aménagement dans certaines situations et faciliter la tâche des citoyens qui souhaitent le faire en encadrant davantage les demandes de permis à cet égard.
Crédit photo: Les Toits Vertige
Attention : Cet article présente le droit en vigueur au Québec et est fourni à titre informatif uniquement. Il ne constitue pas un avis juridique et ne devrait pas être interprété comme tel. Pour connaître les règles particulières à votre situation, consultez un avocat·e.
Appuyé financièrement par le Fonds d’études notariales de la Chambre des notaires du Québec. Cependant, seul le CQDE est responsable du contenu de cet article.